Val de seine

ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE (EAPVDS)

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Fiche Technique

Maître d'ouvrage

Ministère de la Culture - E.M.O.C.

Programme

Ecole d’architecture, locaux d’enseignement, amphithéâtres, ateliers, bibliothèque, salle d’exposition

Dates

livraison 2007-2017

Adresse:

Quai Panhard et Levassor, Paris 13

Coût des travaux

21.3 M euros HT

Surface de l'opération

15 700 m2 SHON + Parkings

Bureaux d'études

SFICA, Mazet (économiste), Jean-Paul Lamoureux (acoustique)

Collaborateurs

Marc Younan (Chef de projet), G. Claizergues, T. Maunoury, G. Marot, V. Floquet, K. Yokoo, F. Bataillard

Entreprise générale

SPIE-SCGPM/ CEGELEC / AMICA / MGD / MPI / VERRE et METAL/ DESMOINEAU

Description

Le nouveau bâtiment de l’Ecole Nationale d’Architecture de Paris Val de Seine dresse sa silhouette héroïque à côté de la halle de la SUDAC. Pourtant aucune distance n’apparaît entre les volumes futuristes de cette construction neuve et l’exosquelette métallique de l’ancienne usine de fabrication d’air comprimé, un des bâtiments manifestes du Paris industriel du XIXe siècle. Les formes élancées et le bloc ramassé composent un ensemble fusionnel autour de la cheminée en brique renvoyant à ces séries d’esquisses qui, de Pablo Picasso à Antonio Saura, interrogent la figure de la complémentarité en représentant compulsivement le couple Don Quichotte & Sancho Panza.
Au-delà de cette image très prégnante, la forme du nouveau bâtiment semble se cristalliser en synthétisant les réponses aux questions posées à la fois par le programme et par le contexte. Une série de tréteaux soulèvent une plate-forme technique contenant l’administration, sous laquelle se suspendent trois amphithéâtres. Au-dessus sont disposées librement les hautes formes qui accueillent les ateliers et les espaces réservés à la recherche. Dans la coque en brique de l’ancienne halle, viennent s’insérer les espaces annexes : sur la fosse de refroidissement protégée par un caillebotis métallique, s’étendent les espaces d’exposition tandis que sous la toiture, captant toute la luminosité des grandes verrières, se déploie la bibliothèque.
Afin de donner le change au paysage d’infrastructures (ponts de la petite ceinture et du périphérique, quais, vestige d’une ancienne voie ferrée…), toutes traces d’échelle ont soigneusement été effacées : pas de fenestrages traditionnels qui induiraient immédiatement un dimensionnement, mais des failles ou des angles vitrés et des myriades de petits percements. Le bâtiment est rigoureusement organisé pour fonctionner comme un pur jeu de volumes réinvestissant cette architecture portuaire d’entrepôts et de silos dont quelques exemples subsistent encore sur le site.
A l’unification organique des volumes externes, s’oppose le traitement des espaces internes qui constituent autant d’univers exclusifs. Comme si l’unité, à l’intérieur, ne pouvait s’appréhender qu’au travers du dépliement d’une multitude de singularités contradictoires.
Les amphithéâtres ne se donnent pas comme de simples coques suspendues, mais s’affirment comme des grottes cubistes, des mondes en-soi se refusant à toute subordination à une totalité qui les excèderait. L’accueil de l’administration renvoie au Merzbau de Kurt Schwitters sans revendiquer une quelconque appartenance à la plate-forme technique. Plus haut, les niveaux, dominés par leurs larges circulations centrales ouvertes à leurs extrémités sur le paysage ou sur la lumière, forment des strates horizontales superposées qui contredisent formellement la verticalité affichée en façade.
Cette contradiction entre l’intérieur et l’extérieur accorde paradoxalement sa vraie force au bâtiment. Sur le pont Masséna, quand la lumière crépusculaire de l’Ouest s’engouffre dans la précieuse circulation rouge, la façade Nord en contre-jour s’électrise en faisant la synthèse de deux mondes incompossibles, celui des enveloppes architectoniques et celui des labyrinthes de l’intériorité…